Belle fĂŞte aux morts !

Et si le sujet vous intéresse aussi juridiquement, voici un peu de publicité(s) et de rappel(s) (ainsi que quelques photos) :

  1. En novembre 2014, aux cĂ´tĂ©s de M. Boudet et de Mme Bouteille-Brigant, j’ai eu le plaisir de proposer un nouveau TraitĂ© des droits de la mort. En voici la prĂ©sentation :

Questions. Tabou ? EgalitĂ© devant la Mort ? Devenir des cendres ? Statut du cadavre ? Existence d’un ou de plusieurs service(s) public(s) de la Mort ? Place des religions dans le rapport Ă  la Mort dans la CitĂ© ? Evolutions historiques, juridiques, philosophiques mais aussi techniques des activitĂ©s funĂ©raires ? Importance de la crĂ©mation ? Existence de « travailleurs de la Mort Â» ? DĂ©cès en hĂ´pitaux ou ailleurs ? Morts des nourrissons ? Ethique & bioĂ©thique de la Mort ? Questions relatives Ă  l’euthanasie ou Ă  l’interruption volontaire de grossesse ? Droits comparĂ©s ? Droit(s) europĂ©en(s), internationaux ou nationaux de la Mort ? Droit(s) public, privĂ©, environnemental, urbanistique ou mĂŞme patrimonial des cimetières ? Droit pĂ©nal & infractions de la Mort ? Existence de police(s) funĂ©raire(s) ? Economie(s) et « prix Â» de la Mort ? Cites sinĂ©raires ? Rapports aux Arts ? Assurance(s) sur & de la Mort ? Hypothèse(s) d’hĂ©ritage(s) numĂ©rique(s) ? Questionnements relatifs aux cadavres non humains comme ceux des animaux ou encore concernant les cadavres et leur statut dans la recherche scientifique ? VoilĂ  un simple « aperçu Â» des questions que soulèvent et analysent avec des Ă©lĂ©ments concrets et des rĂ©ponses, les contributeurs aux deux volumes du TraitĂ© des nouveaux droits de la Mort.

Contributions. Les auteurs rĂ©unis autour du professeur Mathieu Touzeil-Divina (UniversitĂ© du Maine, Themis-Um (ea 4333), Collectif L’Unite du Droit), de Mme Magali Bouteille-Brigant (UniversitĂ© du Maine, Themis-Um (ea 4333), Collectif L’Unite du Droit) et de M. Jean-François Boudet (UniversitĂ© Paris V, Cersa-Cnrs (umr 7106), Collectif L’Unite du Droit) sont d’horizons diffĂ©rents : juristes, praticiens du funĂ©raire, mĂ©decins, psychologues, sociologues, historiens, artistes, etc. Tous ont contribuĂ© en fonction de leurs connaissances et de leurs sensibilitĂ©s par-delĂ  les disciplines et les chapelles acadĂ©miques. C’est alors bien l’UnitĂ© du / des Droit(s), chère aux porteurs[1] du prĂ©sent TraitĂ© qui a Ă©tĂ© sollicitĂ©e. Il n’y s’agit pas du droit public ou privĂ© de la Mort mais bien des droits de la Mort ; droits renouvelĂ©s et expertisĂ©s en 2014 par des juristes essentiellement mais aussi par d’autres spĂ©cialistes. Et, si le phĂ©nomène mortel est universel, les rĂ©actions, les droits et les usages matĂ©rialisĂ©s en France mais aussi dans le reste du monde lors de sa survenance sont bien multiples : pratiques diffĂ©renciĂ©es du phĂ©nomène crĂ©matoire[2], des inhumations, des couleurs Ă  porter en sociĂ©tĂ© lors des cĂ©rĂ©monies funĂ©raires, des fleurs Ă  y associer, des comportements retenus ou – Ă  l’inverse – très extĂ©riorisĂ©s des proches, des places matĂ©rialisĂ©es par la puissance publique ou encore par les entrepreneurs privĂ©s, etc.

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L’ouvrage est alors conçu en deux temps autour de thĂ©matiques auxquelles rĂ©pondent les deux tomes du TraitĂ© : La Mort, activitĂ©(s) juridique(s) (Tome I) puis La Mort, incarnation(s) cadavĂ©rique(s) (Tome II).

Tome I. Droit(s) des « activites Â» funeraires. Après des propos introductifs (du professeur Touzeil-Divina (§ 01 et s.)) interrogeant, Ă  l’aune de l’UnitĂ© du Droit, les rapports entre Mort(s), MĂ©moire(s) et Droit(s) et mettant en lumière une dissociation entre les mĂ©moires « spirituelle Â» et « physique Â» des juristes dĂ©funts, s’ouvre le Chapitre I intitulĂ© : « La Mort aux confins des droits et de la vie en sociĂ©tĂ© Â». La transition avec les Ă©lĂ©ments introductifs y est assurĂ©e par le docteur Charlier (Section 01 (§ 27 et s.)) qui ne se demande pas (sur un air connu) « oĂą Arthur a-t-il mis le corps ? Â» mais plutĂ´t Ă  qui, in fine, « appartiendra Â» ou « reviendra Â» cette dĂ©pouille en territoire afro-caribĂ©en (Ă  la famille ? Ă  la commune ou communautĂ© ? Ă  l’Etat ?). Alors, l’auteur revient sur la question liminaire posĂ©e de la mĂ©moire des dĂ©funts : quelles sont nos attentions pour les morts ? Les deux premiers textes se complètent donc et insistent sur la dissociation qu’il peut y avoir, dans nos mĂ©moires, entre les dĂ©cès « cĂ©lèbres Â» et ceux des plus humbles mortels. C’est alors davantage la « mort sociale Â» qui est en cause et sur laquelle reviennent nos deux premiers contributeurs[3]. C’est ensuite Mme Le Berre (Section 02 (§ 34 et s.)) qui – entre psychanalyse et philosophie – pose la question de la « Mort de / dans l’âme Â». Avec, entre autres, pour guides Jankelevitch et Barthes, elle nous permet, avant d’approcher les phĂ©nomènes juridiques, d’envisager la Mort telle qu’elle se prĂ©sente et se prĂ©sentera Ă  chacun(e) de nous. Le docteur en mĂ©decine Dhote-Burger (Section 03 (§ 41 et s.)) prĂ©sente et analyse par suite le lieu dans lequel, en France aujourd’hui, l’on meurt le plus : l’hĂ´pital et les questions juridiques qui s’y matĂ©rialisent. Ce faisant, elle insiste sur la « Loi (dite) Leonetti Â» (n°2005-370) qu’elle considère comme particulièrement importante mais paradoxa-lement comme très « mal connue Â». DĂ©jĂ , les phĂ©nomènes contemporains de sociĂ©tĂ© comme l’exposition mĂ©diatique Our Body[4] et plus rĂ©cemment encore l’affaire dite Lambert[5] sont Ă©voquĂ©s. Notre collègue Clavandier (Section 04 (§ 50 et s.)) examine ensuite, Ă  l’aide et au regard de la sociologie, le phĂ©nomène mortel et ses rĂ©percussions au cĹ“ur de nos CitĂ©s. Evoquant tour Ă  tour l’importance croissante du phĂ©nomène crĂ©matiste et le rĂ´le du lieu « cimetière Â» en tant qu’espace public certes implantĂ© dans nos communes mais « maintenu Ă  distance Â» des vivants, elle rappelle que les « obsèques relèvent autant du service public que d’un rituel Â» sacrĂ© ou laĂŻc puis dĂ©crit le phĂ©nomène de « traçabilitĂ© Â» et de « miniaturisation Â» des morts avec une proposition personnelle d’explication relative Ă  ce qu’elle nomme les « restes intermĂ©diaires Â» (§ 54 et s.).

Ce premier Chapitre (Section 05 (§ 59 et s.)) se clĂ´t avec l’expertise technique et pragmatique d’une juriste praticienne du secteur funĂ©raire, Mme Perchey qui y dĂ©crit les mutations contemporaines vĂ©cues par les opĂ©rateurs des pompes funèbres que l’on pourra nommer, avec M. Sweeney, les « travailleurs de la Mort Â» (§ 144 et s.). L’auteure Ă©voque alors, non seulement la disparition programmĂ©e d’un symbole (sinon d’un mythe dans l’imaginaire collectif) : celui du « formol Â» (formaldĂ©hyde) mais aussi celle prĂ©conisĂ©e par d’aucuns d’un arrĂŞt des soins mortuaires Ă  domicile. Mme Perchey fait Ă©galement Ă©tat des dĂ©bats entourant aujourd’hui la question des soins Ă  apporter Ă  certains dĂ©funts ayant contractĂ© des pathologies comme les hĂ©patites B et C ou le Vih. Elle y dĂ©crit Ă©galement la prise croissante de considĂ©ration(s) des prĂ©occupations environnementales.

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Service Public. Le Chapitre II est consacrĂ© au service public dit « extĂ©rieur Â» des pompes funèbres (Section 01, § 73 et s.). Les auteurs (le professeur Touzeil-Divina accompagnĂ© de Mmes Elshoud et Mouriesse) tentent d’y dĂ©velopper les consĂ©quences que l’on pourrait peut-ĂŞtre tirer (et que l’on semble parfois oublier) de la qualification juridique de service public. Au regard des Lois dites de Rolland apprĂ©ciĂ©es et mises Ă  jour en 2014, il y est question d’EgalitĂ©, de mutabilitĂ©, de continuitĂ© mais aussi de transparence, de neutralitĂ©, d’efficacitĂ©, d’information, d’accessibilitĂ© ou encore de concurrence des services funĂ©raires. En dĂ©coule en grande partie (§ 277 et s.) la proposition de Loi du Tome I (Chapitre IV, section 05) du prĂ©sent TraitĂ© oĂą est notamment discutĂ©e puis affirmĂ©e l’existence d’un service Ă©tatique (et non communal) qui ne serait pas vouĂ© Ă  ĂŞtre obligatoirement qualifiĂ© d’une nature industrielle et commerciale. Il est alors important de souligner que le « parti pris Â» par les coordinateurs du TraitĂ© fut de permettre Ă  chacun de prĂ©senter ses observations et ses vues sur les phĂ©nomènes mortel et funĂ©raire et ce, quitte Ă  ce que plusieurs points de vue divergent. Chaque contribution et chaque proposition n’engagent donc que leurs auteurs et non – solidairement – l’ensemble des contributeurs. Toujours au titre du service public, le professeur Py (Section 02, § 122 et s.) analyse ensuite le droit et la pratique crĂ©matistes. Il reconnaĂ®t Ă  cette dernière la qualification de « moderne Â» et ajoute qu’il s’agit Ă  ses yeux, et en Droit, d’une « rĂ©forme rĂ©actionnaire Â». Il fonde son jugement sur une critique circonstanciĂ©e de la Loi n°2008-1350 du 19 dĂ©cembre 2008 (relative Ă  la lĂ©gislation funĂ©raire) opĂ©rant selon lui une « privatisation des cendres Â» (§ 130 et s.). Par suite, le professeur Mecherfi et le prĂ©sident Boujida (Section 03, § 136 et s.) nous offrent un regard en droit comparĂ© (en l’occurrence marocain) de l’activitĂ© funĂ©raire en tant que « service public local Â» mais auquel « s’ajoutent les prĂ©ceptes de la Charia Â». Leur dĂ©marche traduit, ce faisant, (ce que l’on retrouvera au Tome II) l’importance du droit comparĂ© (notamment dans le cadre du Laboratoire Mediterraneen de Droit Public, atelier permanent du Collectif L’Unite du Droit). Mais, au titre du service public, toujours, restent Ă  aborder deux thèmes : celui du droit annoncĂ© des « travailleurs de la Mort Â» ainsi que la question des « polices funĂ©raires Â» notamment exercĂ©es, au niveau communal, par les maires.

Le premier sujet, traitĂ© par M. Sweeney (Section 04, § 144 et s.), n’est en rien redondant avec le tĂ©moignage prĂ©cĂ©dent de Mme Perchey. Il en est le complĂ©ment et permet de dĂ©crire le droit des travailleurs de la Mort vu, cette fois, de l’extĂ©rieur et non uniquement de l’intĂ©rieur. L’auteur y insiste, ce faisant, sur la formation professionnelle et sur le cas, estimĂ© particulier, des thanatopracteurs. Il en conclut avec pessimisme (§ 150), au regard de la dimension de service public, que l’effet « conjuguĂ© de l’emprise des « hedge funds Â» et de la mise en rĂ©seau des pompes funèbres Â» reprĂ©sente vraisemblablement un danger « sĂ©rieux pour la prĂ©servation du service public des pompes funèbres Â». Le Chapitre est alors clĂ´turĂ© par l’examen – par Mme Mesmin d’Estienne (Section 05, § 151 et s.) – de l’existence d’une ou de plusieurs police(s) sur la ou plutĂ´t sur les morts. L’auteure rappelle Ă  cet Ă©gard qu’il s’est d’abord agi de police des Cultes puis de police administrative, laĂŻcisĂ©e et municipalisĂ©e et dĂ©sormais spĂ©cialisĂ©e en polices funĂ©raires. La contribution lui permet d’affirmer une conception personnelle de l’ordre public et de sa dĂ©fense ce qui permet d’ouvrir le dĂ©bat sur la notion fondamentale de « dignitĂ© de la personne humaine Â».

Cimetières. La Mort, ce que traduit le Chapitre III du prĂ©sent TraitĂ©, se matĂ©rialise aussi de façon domaniale par l’espace public nommĂ© cimetière. La Mort a effectivement « son Â» lieu ce que prĂ©sente (Section 01, § 162 et s.) d’abord M. Hedin qui y insiste sur l’expression de neutralitĂ©, la nature des concessions funĂ©raires et des travaux (publics) qui s’y concrĂ©tisent. Par suite (Section 03, § 192 et s.), c’est M. Dutrieux qui dĂ©crit avec rigueur, ingĂ©niositĂ© et propositions personnelles les droits spĂ©ciaux de l’urbanisme, du patrimoine et de l’environnement qui s’appliquent – spĂ©cialement – Ă  ces mĂŞmes cimetières. Entre ces deux Ă©tudes techniques et juridiques (Section 02, § 176 et s.), c’est alors la notion environnementale qui rĂ©unit nos contributeurs. En effet, y est insĂ©rĂ© un très beau texte de l’artiste et « promeneur nĂ©cropolitain Â», AndrĂ© Chabot, qui aborde les questions de l’esthĂ©tique des cimetières, offrant aux lecteurs, au fil d’un voyage « entre les allĂ©es Â», de nombreuses considĂ©rations, points de vue(s) et clefs d’interprĂ©tation(s) dans l’histoire comme dans l’espace. C’est Ă©galement la dimension spatiale et comparĂ©e qui va innerver les deux dernières Ă©tudes de ce Chapitre. D’abord (Section 04, § 204 et s.), nous retrouvons MM. Boujida & Mecherfi (notamment avec la question des habous) qui analysent la question funĂ©raire des cimetières « en terre islamique Â» alors que la professeure Franch i Saguer (Section 04, § 216 et s.) Ă©tudie et prĂ©sente avec finesse la solution espagnole « en terre catholique Â». On y relèvera notamment, outre une Ă©volution juridique et historique des plus minutieuses, sa mention (§ 233) des nouveaux besoins des services funĂ©raires espagnols, mutations que l’on retrouve du reste partiellement en France.

Incarnations financières & contractuelles. Le Chapitre IV du TraitĂ© est consacrĂ© aux questions financières provoquĂ©es par la Mort Ă  l’exception, cependant, du droit des successions (qui fait – dĂ©jĂ  – l’objet de traitĂ©s spĂ©ciaux complets). Y est d’abord analysĂ©e, avec l’étude du doyen Marly (Section 01, § 233 et s.), la question de l’assurance « sur Â» la Mort ; le professeur rappelant qu’il fut mĂŞme un temps – long – pendant lequel cette hypothèse Ă©tait illicite alors qu’elle est dĂ©sormais, en droit positif, bien encadrĂ©e. Puis (Section 02, § 239 et s.), c’est M. Boudet qui, alors qu’on ne les soupçonnerait pas tous et toujours, nous dĂ©voile l’existence et la pertinence de questionnements y compris fiscaux sur le phĂ©nomène mortel ; le lecteur Ă©tant averti par ce très beau proverbe malgache : « La Mort est une part d’impĂ´t Â» ! L’auteur y interroge alors, comme le feront par suite les Ă©conomistes et M. Ricou de leurs points de vues, la question du « prix de la mort Â» (§ 241 et s.) ; un prix traduisant, selon M. Boudet, cette « forme de marchandisation contemporaine Â» du phĂ©nomène funĂ©raire. Partant, le contributeur nous invite Ă  rĂ©interroger – chacun en sa conscience – le rĂ´le que nos sociĂ©tĂ©s consacrent Ă  la Mort et Ă  ses consĂ©quences. Cela dit (Section 03, § 248 et s.), ce sont des enseignants-chercheurs en Ă©conomie (Mme Blasco et MM. Messe & Tanguy) qui Ă©tudient et analysent le marchĂ© funĂ©raire et ses nouvelles stratĂ©gies puis les parts de ses principaux acteurs. Comme d’autres contributeurs, ils insistent sur cet Ă©lĂ©ment dĂ©sormais fondamental du secteur de la Mort : l’information des consommateurs et / ou futurs consommateurs (§ 255 et s.). M. Ricou (Section 04, § 262 et s.) pose enfin la question ultime du premier volume de notre TraitĂ©. Si, Ă  ses cĂ´tĂ©s, on reconnaĂ®tra aisĂ©ment la qualification juridique « d’activitĂ© Ă©conomique Â» au secteur funĂ©raire et l’existence d’un « marchĂ© Â» au sens du droit public Ă©conomique, existe-t-il pour autant, interroge-t-il, un droit europĂ©en de la Mort ? Pour y rĂ©pondre, l’auteur, qui manie avec finesse les tenants et aboutissants de l’UnitĂ© du Droit, examine toutes les « branches Â» juridiques concernĂ©es ou sollicitĂ©es (ainsi en est-il du droit public mais aussi du droit privĂ©, du droit commercial, du droit de la concurrence, etc.) pour dĂ©montrer comment le service public des pompes funèbres mais aussi celui de la gestion domaniale des cimetières proposent un cadre au « jeu Â» de la concurrence. M. Ricou y dĂ©crit alors l’accès « Ă  la table de jeu Â» des opĂ©rateurs de l’Union europĂ©enne. Enfin (Section 05, § 277 et s.), le Chapitre se termine par l’exposĂ© (nourri des prĂ©cĂ©dentes contributions) d’une proposition normative. L’équipe du professeur Touzeil-Divina y dĂ©veloppe une volontĂ© de rĂ©affirmation de l’existence d’un « vĂ©ritable Â» service public obligatoire, Ă©tatique, assumĂ© et milite en faveur d’une prochaine codification du secteur funĂ©raire. Cette proposition n’engage que ses auteurs et non tous les contributeurs.

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Tome II. Droit(s) & statut du (des) cadavre(s). Si le Tome I du prĂ©sent TraitĂ© des nouveaux droits de la Mort a eu pour « fil rouge Â» l’activitĂ© funĂ©raire, le second volume est consacrĂ©, quant Ă  lui, Ă  l’objet de cette activitĂ© : le(s) cadavre(s). Pour en matĂ©rialiser l’examen, une mĂŞme approche inter et transdisciplinaire a Ă©tĂ© recherchĂ©e. Tout d’abord, ce sont trois juristes et enseignants-chercheurs (Chapitre V, Section 01, § 500 et s. ; MM. Kermabon, Mynard & Pierchon) qui ont rĂ©alisĂ© le lien entre les deux ouvrages et ce, en examinant – au regard de l’Histoire du Droit – non seulement l’Ancien Droit et sa gestion des sĂ©pultures mais aussi l’apprĂ©hension – par le Droit et ses Ă©volutions – du statut du / des cadavre(s). La contribution dĂ©bouche alors sur l’énoncĂ© fondamental suivant : l’élĂ©ment cadavĂ©rique est-il une chose (fĂ»t-elle sacrĂ©e) ou conserve-t-il des traces ou manifestations de la personnalitĂ© ?

Il s’en suit (Section 02, § 530 et s.) une première contribution bâtie sur deux points de vue complĂ©mentaires (ceux des docteurs Froment & Charlier) ; visions anthropo-logiques qui intègrent et dĂ©crivent la rĂ©alitĂ© puis le devenir des cadavres parfois conservĂ©s et exposĂ©s (par exemple dans des musĂ©es) et ce, tant au regard de la mĂ©decine, de la recherche et de la science que de l’éthique. Se pose aussi la question (Section 03, § 542 et s.), Ă  l’heure oĂą un rĂ©seau social comme Facebook est devenu le « plus grand cimetière virtuel au monde Â» de l’hĂ©ritage numĂ©rique qu’analyse avec rigueur et de façon très argumentĂ©e et nourrie Mme Beguin-Faynel. Le Chapitre V se termine avec un peu plus de « lĂ©gèretĂ©s Â» sans quitter pour autant l’exigence scientifique nĂ©cessaire au prĂ©sent TraitĂ©. Les deux dernières sections y analysent en effet comment les Arts (ou plutĂ´t quelques-uns de ceux-ci) abordent les questions cadavĂ©riques et funĂ©raires. Entre théâtre classique, peinture et littĂ©rature, ce sont mĂŞme les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es et quelques films qui sont passĂ©s au microscope d’un collectif de contributeurs (Section 04, § 553 et s.) alors que les musicologues Pesque (Section 05, § 585 et s.) ont consacrĂ© une très belle Ă©tude Ă  la musique notamment lyrique. Ainsi se clĂ´t le Chapitre, sans requiem mais avec des vampires, entre les Ă©vocations musicales du sacrĂ© et du surnaturel.

Droit(s) du cadavre. Le Chapitre VI interroge ensuite les « droits Â» du cadavre en ouvrant la rĂ©flexion sur l’hypothèse spĂ©cialement relative aux dĂ©cès pĂ©rinataux (Section 01, § 598 et s. par M. Rousset) mais aussi celles concernant les cadavres dits non humains (faisant ici rĂ©fĂ©rence aux animaux) et ce, Ă  l’heure oĂą les cimetières les recevant se multiplient. Toutefois, la question (Section 02, § 609 et s.) – analysĂ©e par le professeur Marguenaud, Mme Maillard et M. Perrot – dĂ©passe le simple questionnement domanial pour Ă©voquer autant de facettes diffĂ©rentes que celles de la sĂ©curitĂ© alimentaire (§ 611), du vĂ©gĂ©tarisme, de la maladie dite de la « vache folle Â», de l’équarrissage ou mĂŞme des trophĂ©es de chasse (§ 618). La question des cadavres humains est ensuite rĂ©examinĂ©e en prenant un peu de « hauteur Â» et ce, Ă  travers l’interrogation, en droits internationaux public (Section 03, § 620 et s.) puis privĂ© (Section 04, § 630 et s.). L’analyse de nos collègues, le professeur de Nanteuil et Mme Chaaban, permet alors aux lecteurs de dĂ©couvrir que la Mort soulève autant – et en tous lieux – de questionnements juridiques parfois complexes et souvent humainement difficiles sinon dramatiques. Le Chapitre se termine (Section 05, § 638 et s.) par une contribution du professeur Cheynet de Beaupre qui, tout en revenant sur quelques Ă©lĂ©ments prĂ©cĂ©dents et rĂ©affirmĂ©s de façon personnelle, Ă©tudie le droit et les questions juridiques relatifs aux cadavres devenus cendres.

Statut(s) du cadavre. VoilĂ  la question cardinale du Chapitre VII, introduite dès la section première du Chapitre V et au moins effleurĂ©e par chacun de nos contributeurs : le cadavre est-il une chose, ce que retient la doctrine majoritaire et a priori le droit positif, ou vĂ©hicule-t-il une forme ou essence continue de personnalitĂ© comme deux des codirecteurs du prĂ©sent TraitĂ© (le professeur Touzeil-Divina et Mme Bouteille-Brigant) le suggèrent (en section 05 du Chapitre VIII) ?

Pour le professeur (de droit privĂ©) Loiseau (Section 01, § 687 et s.), le cadavre n’est ni objet ni sujet de Droit(s) (§ 690 et s.) mais la Loi lui offre un important statut de « ce qui a Ă©tĂ© Â». Pour les publicistes (le professeur Bioy & M. Fallon) (Section 02, § 700 et s.), il faut examiner ce mĂŞme cadavre au regard de la « dignitĂ© Â» qui lui accorde une protection objective. C’est alors, selon eux, la « socialisation de la personne humaine Â» qui permet d’envisager « l’émergence d’une vie privĂ©e posthume Â» (§ 709 et s.). Cela dit, le cadavre (et il ne pouvait en ĂŞtre autrement) est aussi interrogĂ© au regard des religions et de leurs droits et ce, tant dans leurs expressions internes (en France) (Section 03, § 715 et s. avec la très belle et riche contribution de M. Papi) qu’en matière de droits internationaux et notamment europĂ©ens (Section 04, § 727 et s.) grâce Ă  l’étude du professeur Christians. Il restait, fruit d’un dialogue entre la mĂ©decine et le Droit, Ă  mettre en lumière(s) les questions juridiques qu’impliquent le statut du cadavre en termes de recherche(s) scientifique(s). Partant (Section 05, § 740 et s.), Mme Bouteille-Brigant et le professeur Rouge-Maillard expriment un regret qui ne pourra dĂ©sormais apparaĂ®tre qu’objectif suite Ă  leur dĂ©monstration : celui du faible encadrement normatif des recherches (§ 741 et s.) ce Ă  quoi rĂ©pondra une autre proposition concrète mais subjective (§ 888 et s.).

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Bioethique du cadavre. Le dernier de nos Chapitres est centrĂ© sur les questions de bioĂ©thique et revient, de la mĂŞme manière que le TraitĂ© a Ă©tĂ© introduit, sur les questions du cadavre et de la Mort en sociĂ©tĂ©(s). C’est tout d’abord le professeur Labbee[6] (Section 01, § 765 et s.) qui fait Ă©tat de plusieurs considĂ©rations gĂ©nĂ©rales (et parfois personnelles) en la matière rouvrant ce faisant le dĂ©bat entre chose et personnalitĂ© cadavĂ©rique(s). L’auteur, quant Ă  lui, rĂ©affirme l’existence du cadavre en qualitĂ© de « chose sacrĂ©e Â». Par suite (Section 02, § 788 et s.), c’est le professeur Vialla qui propose et expose quelques considĂ©rations ou variations relatives Ă  l’euthanasie. MĂŞme s’il rĂ©ussit l’exploit d’y citer Harry Potter, sa contribution fait Ă©tat d’un questionnement direct : peut-on (voire doit-on) prĂ©voir ou mettre en Ĺ“uvre un « droit Ă  la mort Â» en France ? Pour y rĂ©pondre et argumenter son opinion, le professeur revient sur l’importance de plusieurs qualifications terminologiques (§ 793 et s.) et, Ă  l’instar du docteur Dhote (§ 41 et s.), insiste sur la mĂ©connaissance actuelle de normes comme la Loi (prĂ©citĂ©e) et dite Leonetti. Il y analyse en outre l’affaire (Ă©galement prĂ©citĂ©e) dite Lambert et insiste sur l’importance de la connaissance de la volontĂ© des patients en fin de vie. Par suite (Section 03, § 806 et s.), c’est Mme Gate qui analyse la question d’une mort singulière : celle de l’Ivg oĂą lorsque « vouloir interrompre une grossesse peut causer la mort Â». Enfin, M. Brigant (Section 04, § 819 et s.) dans une contribution qui clĂ´ture particulièrement bien l’ensemble du TraitĂ© a dissĂ©quĂ© pour nous la somme innombrable et dĂ©sormais dĂ©nombrĂ©e des infractions relatives au droit pĂ©nal de la mort comme activitĂ© juridique (§ 822 et s.) puis au droit pĂ©nal des morts comme incarnations cadavĂ©riques (§ 862 et s.).

Première edition. Jamais il n’avait Ă©tĂ© rĂ©uni, avant la première et prĂ©sente Ă©dition du TraitĂ© des nouveaux droits de la Mort, un tel collectif d’auteurs et d’experts. Tous ont acceptĂ© de relever ce dĂ©fi consistant Ă  dĂ©crypter les nouvelles (car elles ont manifestement Ă©voluĂ©) et contemporaines relations tissĂ©es – particulièrement en Droit(s) – entre la Mort et la CitĂ©. L’actualitĂ©[7], l’universalitĂ© mais aussi la permanence[8] de ces questions doivent ĂŞtre relevĂ©es mĂŞme si les rĂ©ponses qui y sont, qui y ont Ă©tĂ© et qui y seront apportĂ©es diffèrent, ont diffĂ©rĂ© et diffèreront selon les Ă©poques, les sensibilitĂ©s et les lieux. Outre les juristes, les artistes[9], en particulier[10] (ce que l’on observera notamment aux § 553 et s. au Tome II du prĂ©sent TraitĂ©), ont Ă©galement su apporter plusieurs de ces visions de la Mort dans la CitĂ©. D’aucuns en ont prononcĂ© la solennitĂ©, le funèbre, l’inexorabilitĂ©, la peur, la maladie, l’EgalitĂ© ou encore l’érotisme[11] lorsque d’autres – comme pour s’en prĂ©munir – ont prĂ©fĂ©rĂ© en rire[12] ou masquer la Mort comme pour la dĂ©noncer. Il ne s’agira donc Ă©videmment pas de conclure ces propos en affirmant l’UnitĂ© des vues sur les questions funĂ©raires, fussent-elles uniquement juridiques, mais bien au contraire d’en cĂ©lĂ©brer et d’en matĂ©rialiser la pluralitĂ©. Il faut alors remercier l’ensemble des contributeurs, des plus jeunes (selon la tradition des Editions l’Epitoge et de l’association Collectif L’Unite du Droit) aux plus cĂ©lèbres et expĂ©rimentĂ©s. Et, en attendant une deuxième Ă©dition qui reviendra sur les dĂ©bats ouverts par le prĂ©sent opus, les trois coordinateurs du projet[13] des « nouveaux droits de la Mort Â» tiennent Ă  remercier tous ceux qui ont apportĂ© leur(s) soutien(s) Ă  cette aventure et qui y ont « cru Â».

Le Mans, 02 novembre 2014,
Pr. Mathieu Touzeil-Divina
Collectif L’UnitĂ© du Droit, Themis-Um (ea 4333)


[1] Des mĂŞmes : occurrence « Droit(s) de la Mort Â» in Touzeil-Divina Mathieu (dir.), Initiation au Droit ; introduction encyclopĂ©dique aux Ă©tudes et mĂ©tiers juridiques ; Paris, Lgdj ; 2014, 2nde Ă©dition ; p. 219 et s.

[2] De plus en plus rĂ©pandue en France, la crĂ©mation n’est – par exemple – pas encore matĂ©riellement permise en Grèce et ne devrait l’être, avec la construction autorisĂ©e Ă  l’étĂ© 2014 de deux crĂ©matoriums Ă  Athènes et Thessalonique, que ces prochains mois.

[3] Le professeur Touzeil-Divina, cependant, ne pouvant Ă©voquer, comme le docteur Charlier le fait avec brio, l’hypothèse des… zombies (§ 32) !

[4] Plusieurs paragraphes du prĂ©sent TraitĂ© y font rĂ©fĂ©rence ; ainsi, aux § 134, 574, 646, 708, 740, 750, 784.

[5] Plusieurs analyses notamment effectuĂ©es par nos contributeurs en sont dĂ©jĂ  parues. On citera notamment : Vialla François, « Acta est fabula ? Â» in Jcp G ; 2014, n°28, act. 825 et Touzeil-Divina Mathieu, « Ultima necat. Première dĂ©cision « Lambert » en rĂ©fĂ©rĂ© : « oui Ă  la vie » » in Jcp A ; 2014 ; n°04 ; p. 11 et s. puis « Ultima necat ? Quatrième dĂ©cision « Lambert » en six mois : non Ă  l’acharnement ? Â» in Jcp A ; 2014 ; n°26 ; p. 13 et s.

[6] Dont on ne prĂ©sente plus les cĂ©lèbres travaux de doctorat : Condition juridique du corps humain avant la naissance et après la mort ; Lille ; Pul ; 1990.

[7] Il ne se passe pas une journĂ©e sans qu’une innovation soit signalĂ©e. Ainsi, Ă  l’heure oĂą nous publions cette première Ă©dition, mentionne-t-on au titre des actualitĂ©s 2014, la ville de Rome qui vend aux enchères, et donc aux plus offrants, une cinquantaine de ses tombes en reprise afin qu’elles soient Ă  nouveau utilisĂ©es ou encore, dans le Michigan, ce salon qui vient d’ouvrir un « drive-in Â» (comme dans les fastfoods) afin que les proches – sans avoir Ă  sortir de leur voiture – puissent passer devant une vitrine dans laquelle une dĂ©pouille est exposĂ©e.

[8] V. en ce sens : Tillier Anne-Marie, L’homme et la mort ; l’émergence du rite funĂ©raire durant la prĂ©histoire ; Paris, Biblis ; 2009.

[9] On pense ici (outre aux Beaux-Arts) Ă  ceux qui ponctuent notre quotidien, notamment ferroviaire, et sont auteurs de romans policiers (ou nĂ©cessairement la Mort tient une place cardinale). Citons alors, sans aucune prĂ©tention Ă  l’exhaustivitĂ© et en toute subjectivitĂ© : Laplace Pierre, Des clients pour les pompes funèbres ; Paris, Ferenczi ; 1952 ; coll. « Le Verrou Â» ; Kempley Walter, L’ordinateur des pompes funèbres ; Paris, Gallimard ; 1973 et le film Ă©ponyme de GĂ©rard Pirès (1976) oĂą se pose la question cruciale de la prĂ©vision du moment funeste par les mathĂ©matiques ; Very Pierre, M. Marcel des pompes funèbres ; Paris, Le Sycomore ; 1984 ; Barcelo François, Chroniques de Saint-Placide-de-Ramsay ; Paris, Fayard ; 2007 ; Leforestier Hugues, Quelques heures Ă  vivre ; Paris, Flammarion ; 1992 ; TeulĂ© Jean, Le magasin des suicides ; Paris, Julliard ; 2007 et, du mĂŞme : Mangez-le si vous voulez ; Paris, Julliard ; 2009 ou encore : Fleur de tonnerre ; Paris, Julliard ; 2013 ; citons enfin le truculent : Egloff JoĂ«l, Edmond Ganglion & fils ; Paris, Rocher ; 1999.

[10] Il faut lire en ce sens : Aries Philippe, Images de l’homme devant la Mort ; Paris, Seuil ; 1983. On consultera Ă©galement avec profit : Bourdois Cyril, Art de la mort et mort de l’art ; Paris, l’Harmattan ; 2013.

[11] On songe notamment au sulfureux Pompes funèbres (Paris, Gallimard ; 1953) de Jean Gennet.

[12] Citons à cet égard les Brèves de cimetière et des pompes funèbres de V. Beaumont (2013, Cherche-midi) et plus récemment les Sincères condoléances de G. Bailly (2014, L’Opportun).

[13] Projet Ă©galement matĂ©rialisĂ© lors du colloque dit de restitution du TraitĂ© Ă©ponyme (les 13 & 14 novembre 2014 Ă  l’UniversitĂ© du Maine ; www.droitsdelamort.org).

2. Le 07 novembre 2016, Ă  Toulouse, les Ă©tudiants de L3 – groupe 1 en droit administratif des biens en sauront davantage sur l’un des domaines publics les plus intĂ©ressants en la matière : le cimetière ! et la place des juristes dĂ©funts en son sein !

3. Et puis …..

vous pourrez aussi aller lire ici

ou lĂ  …..

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4. Avec une spĂ©ciale dĂ©dicace Ă  la sĂ©pulture d’un certain Maurice Hauriou …. 

Nous avons en effet avec d’autres rĂ©cemment empĂŞchĂ© la reprise de concession de la sĂ©pulture du doyen Hauriou, Ă  Nonac, alors qu’elle allait rejoindre l’indiffĂ©rence d’un ossuaire communal. Une tribune Ă  l’AJDA avait Ă©tĂ© publiĂ©e Ă  ce propos :

Aux morts… ô Mores…

Par ces temps de Toussaint ou de fêtes des morts plus laïques, les juristes savent appréhender les cimetières en termes – juridiques et techniques – en notions et concepts tels que : service public ; domaine public ; service extérieur des pompes funèbres ; carrés dits confessionnels ; concessions dites à perpétuité ; reprise(s) de concession ; ordre public et notamment salubrité publique ; police des cimetières ; urnes ; vacations funéraires (sic), etc. La question positive semble donc maîtrisée à en croire les nombreux articles et ouvrages en la matière.

Parallèlement, les grands auteurs – ceux que l’on nomme parfois les « pères » du droit administratif Ă  l’instar de Maurice Hauriou, d’Edouard Laferriere ou bien de LĂ©on Duguit et mĂŞme les « grands-pères » du droit public tels Joseph de Gerando, Toussaint Cotelle, Anselme Polycarpe Batbie, Louis Antoine Macarel ou Emile-Victor-MassĂ©na Foucart – sont encore frĂ©quemment citĂ©s et ce, tant dans la doctrine universitaire que dans celle dite organique du Conseil d’Etat notamment. Dans les esprits, ils seraient donc toujours un peu en vie et leur influence continuerait de nous « guider ».

N’y-a-t-il pas dès lors un paradoxe Ă  constater que, matĂ©riellement,  ces hommes de la « patristique administrative » soient pour la plupart, tombĂ©s dans l’oubli et que rares soient encore les honneurs et les attentions portĂ©s Ă  leurs dĂ©pouilles et Ă  leurs dernières demeures ? Dans les cimetières, qui  se soucie aujourd’hui de ces publicistes tutĂ©laires ? N’est-il pas temps, en l’absence de descendants ou lorsque se sont dispersĂ©es les familles,  de se prĂ©occuper des reprises de concessions qui s’exercent non seulement Ă  Bordeaux dans le cimetière protestant oĂą repose Henri Barckhausen mais encore a priori Ă  Nonac oĂą la tombe du doyen Hauriou sera bientĂ´t dĂ©truite si nous ne faisons rien ? Ne pourrait-on pas faire dĂ©poser des plaques en la mĂ©moire de Vuatrin, de Macarel, de Firmin Laferrière – au cimetière du Montparnasse –, de Batbie – dans la crypte du SacrĂ©-CĹ“ur de Montmartre – ou encore de Foucart au Père Lachaise alors que leurs sĂ©pultures sont dĂ©sormais anonymes ? Ne doit-on pas collectivement entretenir les reposoirs menacĂ©s d’abandon et sur lesquels les noms de Duguit – Ă  la Chartreuse –, de de Gerando – au père Lachaise – ou bien de Barilleau et de Ducrocq Ă  Poitiers s’effacent ou sont Ă  peine lisibles ? N’est-on pas solidairement soucieux de ce que mĂŞme certaines tombes rĂ©centes ne sont dĂ©jĂ  plus fleuries alors que notre reconnaissance est immense ?

Triste de ce constat, le Collectif l’UnitĂ© du Droit (unitedudroit.org) lance un appel d’universitaires (enseignants-chercheurs et Ă©tudiants) ainsi que de magistrats soucieux de sauvegarder,  au-delĂ  de  l’œuvre des pères du droit administratif, leur  souvenir physique. Concrètement, il s’agit, dans le respect de la volontĂ© des familles concernĂ©es  d’œuvrer en vue  d’empĂŞcher les reprises Ă©ventuelles de concessions des pères du droit public et que ceux-ci soient ainsi anonymement dispersĂ©s dans les ossuaires publics. Il s’agit Ă©galement d’organiser un entretien ou lorsqu’elles sont disparues de dĂ©poser des  plaques. Pour ce faire, mobilisons-nous et Ă©tudions les diffĂ©rents modes d’action(s).

Nous ne serions rien sans nos « pères ». Ne devons-nous donc pas agir en gratitude(s) ?

Pr. Mathieu Touzeil-Divina

(AJDA n° 36 – 2012 – 29 octobre 2012)

 

Allez,

Belles fĂŞtes !

 

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